L’histoire des plaques de cuisson est intimement liée aux découvertes scientifiques et aux évolutions technologiques. Ces dernières ont permis l’apparition d’appareils de cuisson beaucoup plus performants et pratiques. Leur entrée dans nos cuisines a transformé nos habitudes de cuisine tout en les simplifiant.
Jusqu’au début de XIXe siècle, la cuisson est essentiellement effectuée à la traditionnelle cheminée ou à la cuisinière à bois ou au charbon (qu’il fallait garder allumée, sans compter la chaleur qui était difficilement supportable). Mais de nouvelles découvertes, le gaz et l’électricité, vont bientôt venir bouleverser ces modes de cuisson archaïques…
L’arrivée de la cuisinière à gaz
La cuisson au gaz arrive avant l’électrique. À l’époque, les plaques de cuisson n’existaient d’ailleurs pas en tant qu’élément indépendant. Il s’agissait de cuisinières à gaz complètes.
C’est grâce aux découvertes d’un gaz obtenu en distillant de la houille (une roche carbonée sédimentaire) dans les années 1800 et aux recherches effectuées par Philippe Lebon, William Murdoch et Frédéric-Albert Winsor, que le gaz commença à être utilisé comme source d’éclairage.
Quelques années plus tard, en 1826, un britannique du nom de James Sharp dépose un brevet pour un nouvel appareil : une cuisinière à gaz.
En 1836, il lance une usine de production et, en 1951, il expose son tout premier modèle à l’Exposition Universelle de Londres (qui constitue la vitrine de la puissance britannique de l’époque victorienne).
Il faut cependant attendre 1880 pour que la cuisinière à gaz inventée par James Sharp devienne un réel succès commercial et s’impose dans de nombreuses cuisines.
La révolution de la plaque électrique
Le mode de cuisson électrique apparaît après l’invention de la cuisinière à gaz. Il faut en effet attendre l’année 1892 pour que l’invention de la première plaque électrique voit le jour.
Persuadés du potentiel révolutionnaire de l’électricité, Thomas Ahearn et Warren Y.Soper (propriétaires de la « Electric Light and power Compagny ») font ainsi une première expérimentation au cours d’un dîner au prestigieux hôtel de Windsor d’Ottawa (capitale du Canada) d’un nouveau mode de cuisson.
À l’aide d’un four, d’un réchaud et d’une bouteille chauffante, ils se mettent à cuisiner le repas servi aux convives. Bien qu’un peu déçu du résultat obtenu avec leur invention, leur démonstration est cependant très prometteuse. Elle démontre l’utilité de l’électricité pour la cuisson.
D’ailleurs, suite à la démonstration de Thomas Ahearn et Warren Y.Soper, plusieurs inventions de plaques électriques voient le jour au cours des décennies suivantes.
La première plaque de cuisson électrique qui se rapproche le plus des modèles que nous connaissons aujourd’hui est inventée en 1908 par Simplex Electric Company. Elle est composée d’ un support de pierre à savon (élément isolant) sur lequel est positionné un disque en fonte de 10 cm de diamètre. Le réglage de la température se fait sur trois niveaux, à l’aide d’une manette en céramique.
Deux ans plus tard, Simplex Electric Company sort son petit poêle électrique. Bien que s’inspirant des modèles qui étaient produits dans les fonderies au cours du XIXe siècle, celui-ci présente de nombreuses touches de modernité (comme le four doté de parois doubles isolées ou de manettes en porcelaine qui contrôlent la partie chauffante de la table de cuisson).
Aux alentours de l’année 1920, la plaque de cuisson électrique évolue en une résistance massive en forme de spirale positionnée sous un foyer en fonte.
Le poêle de table d’Armstrong Electric, lancé en 1922, est l’un des symboles des « années folles » et du « tout-à-l’électricité ». Conçu en acier pressé, en aluminium, en nickel et en porcelaine, il s’agit du modèle de plaque de cuisson qui ressemble le plus aux plaques électriques actuelles.
Plus tard, durant les années 1930 à 1940, les cuisinières sont de plus en plus présentes dans les foyers. Les premiers modèles prennent cependant beaucoup de place et ne sont pas très simple à l’usage. Mais par la suite, les fabricants vont lancer de nouveaux produits de plus en plus innovants.
La découverte (accidentelle) de la vitrocéramique
Saviez-vous que la vitrocéramique a été « découverte par accident » ?
C’est en 1954, au cours d’une expérience réalisée par le scientifique américain Stanley Donald Stookey, que le premier verre vitrocéramique est créé.
Durant un cycle thermique visant à traiter des plaques en verre opalisées, une panne est apparue sur le régulateur de la température. Le verre est ainsi chauffé à une température inhabituelle de 800°C (alors que celle-ci aurait dû être de 450°C !).
À sa sortie du four, Stanley Donald Stookey pense que le verre a totalement fondu. Mais à sa grande surprise, il trouve une plaque en céramique de couleur blanche. En la sortant du four à l’aide de pince, il fait accidentellement tomber la plaque de verre sur le sol… qui ne se brise pas. La vitrocéramique était née.
Par la suite, ce matériau d’un nouveau genre sera développé et utilisé pour la conception des miroirs géants des télescopes, les appareils de cuisine et d’électroniques portatifs.
Il faut attendre 1974 pour voir la première plaque de cuisson vitrocéramique apparaître. Celle-ci est lancée par les Établissements Eugène Scholtès. Elle est constituée d’une plaque en vitrocéramique sous laquelle est positionnée est système de chauffage.
L’évolution vers la plaque à induction
La plaque à induction est à ce jour la plus évoluée des plaques de cuisson. Pourtant, son fonctionnement se base sur une découverte réalisée il y a près de 200 ans par Michael Faraday : l’électromagnétisme.
Le physicien britannique découvre en 1831 qu’il est possible de générer un champ magnétique à l’aide de deux bobines positionnées autour d’un anneau. C’est ainsi que la « loi de Faraday » est apparue.
C’est sur ce principe que repose le fonctionnement de la plaque à induction. Si les premiers modèles voient le jour durant les années 1980, leur prix et leur taille font qu’ils ne sont utilisés que par les professionnels de la cuisine.
Il faut attendre 1989 pour voir la naissance de la première plaque à induction accessible au grand public. Elle est inventée par le physicien français Gérard Rilly. Ce dernier utilise le principe des transistors de puissance (dont se servent les téléviseurs) afin de mettre au point l’électronique pour l’induction.
En 1990, la première plaque à induction destinée au grand public est commercialisée, marquant ainsi une nouvelle étape dans l’histoire et l’évolution des plaques de cuisson.